Nouvelle édition
Petite histoire
de Désaignes
Vendue au profit
de l'association
au prix de 4€50
Le château
hiberne
jusqu'au
13/04/2019
Désaignes, d'hier et d'aujourd'hui
Dès l'époque gallo-romaine ...
Une piste ligure partant du Rhône et longeant la rivière Doux reliait Tournon à Désaignes puis par St Agrève rejoignait le Velay.
On lira sur ce passé incertain l’excellent ouvrage “le Vieux Désaignes “ de Charles du Besset (1).
Au rocher du sorcier
une cupule reste pleine
d'eau en toute saison
Lieu druidique ?
Les conquérants romains transformèrent cette piste en voie romaine. Ainsi les armées de César ont peut-être traversé Désaignes. En effet, voulant surprendre les Arvernes “il se rendit chez les helviens (du Vivarais) ... les soldats écartèrent la neige haute de 6 pieds (soit 1,80 m) et lui ouvrirent des chemins pour entrer chez les arvernes” (2).
Désaignes, une ville fortifiée au Moyen-Age
Désaignes est une ville importante en Vivarais, close de remparts percés de 4 portes dont 3 toujours en place, la quatrième ayant été détruite en 1841 pour contruire la route qui contourne le bourg.
- Fin XIVème siècle (guerre de 100 ans 1346-1452) les remparts avaient 3 pieds d’épaisseur, soit 0,972 mètres, et 30 pieds de hauteur, soit presque 10 mètres. Ils étaient surmontés de 7 tours, dont 2 subsistent actuellement.
- En 1550, Désaignes était l’une des 27 villes closes du Vivarais, c’est à dire une ville entourée de remparts percés de 4 portes que l’on fermait.
- Aujourd'hui, le centre ancien, resté à l’écart de la circulation moderne, a conservé son aspect médiéval avec ses rues étroites, ses portes surmontées d’accolades, ses places paisibles... et le charme des lieux qui ont gardé une âme.
Les remparts existent encore en partie. Leur tracé est toujours visible car les maisons ont été construites sur leur emplacement et avec leurs pierres.
Des bâtiments chargés d’histoire
Au coeur du vieux village, existent deux bâtiments chargés d’histoire :
- Une grande bâtisse soutenue par de puissants contreforts, communément appelée
“Temple de Diane”, contre lequel est venu s’appuyer en 1822 le temple protestant.
Des gravures nous la montrent en ruine vers 1750.
Ce devait être la première forteresse en dur du XI ou XIIème siècle des seigneurs
de Retourtour.
- Un château du XIVème, dans lequel Oddon de Retourtour fît son testament en 1319, disant qu’il en faisait “sa résidence principale”.
Ensuite, équipé d’un escalier à vis de 69 marches (chacune formée d’une seule pierre taillée), agrandi, il fut pourvu de belles fenêtres renaissance, d’une grille en fer forgée du XV ème siècle....et abrite aujourd’hui le musée municipal.
La réforme
Au XVIème siècle, la Réforme atteint le Vivarais dès 1528 à Annonay où un moine cordelier, auditeur de Luther, la prêcha.
Elle ne s’installa vraiment dans la région qu’en 1561, répandue par des pasteurs calvinistes suisses.
On trouvera un précieux document d’époque dans l’ouvrage déjà cité (1). Ecrit par un notaire, il fait état du premier siège subi par Désaignes lorsque les troupes du chef “papiste” St Vidal pillèrent Desaignes, tenue par des “évangélistes” trahis par leur chef Guillaume de la Pra.
Au cours des guerres de religion, Désaignes eut à souffrir des attaques de l’un ou l’autre camp.
L’église porte, gravée dans sa façade, la date de sa restauration et de la construction d’un clocher : 1567.
En 1598 l’Edit de Nantes rétablit la paix. Les protestants,
officiellement reconnus, construisirent dès 1608 à Désaignes
un temple, détruit en 1684, soit un an avant la révocation de
l’Edit de Nantes et l'interdiction de la RPR (religion
prétendue réformée) par Louis XIV.
La région conserva pourtant entre 1685 et 1789, une
population protestante dont l'application de l'édit de 1787
fournit un décompte.
L'édit de tolérance de 1787 permettait aux protestants d'avoir
un état civil par déclaration de mariages et naissances au
curé ou au juge royal, sans l'obligation de se faire catholiques.
A Désaignes, 212 couples "hors la loi" ont déclaré leur mariage (le plus ancien étant de 1740) et 612 enfants, soit plus de 1000 Désagnois !
Aucune statistique n'existe, évidemment, pour ceux qui, pour exister et notamment pour exercer une profession "de ville" (la plupart interdites à "ceux de la RPR") s'étaient mariés devant le curé.
Un temple fut construit en 1822, conformément à la législation du XIXème siècle (Concordat napoléonnien de 1801 et articles organiques de 1802).
Sur ces questions religieuses, au Musée municipal, vous pourrez suivre l’histoire de l’église chrétienne, de la conversion au Chistianisme de l’empereur Constantin (IVème siècle), à la séparation des églises et de l’Etat (loi française de 1905). (exposition "Droits de l'homme" réalisée en 1998 aux archives nationales).
Désaignes, une ville importante
Le compoix de la communauté établit en 1637 recense 384 feux.
En 1686 la liste des chefs de famille contient 386 noms. (cf Désaignes pages d’histoire de Paul Bouit (3))
“Un feu” n’est pas une unité de mesure précise ! Il rassemblait souvent plusieurs générations.
Faut-il multiplier par 5 ou 6 le nombre de feux pour connaître le nombre d’habitants ?
Noble Tournon de Meyres, le chatelain de Désaignes, est plus précis en estimant, en 1750, la population de la paroisse à 4000 âmes, une vaste paroisse alors que la ville ne compte que 130 maisons.(3)
Le cahier de doléances de 1789 donne une indication intéressante sur les préoccupations des Désagnois (près de 4000 habitants) qui proposent à Louis XVI de réformer l’administration, le commerce, les impôts, l’accès aux fonctions administratives et militaires, la justice et la gestion du bien public.
Il s’agit bien des préoccupations d’une ville où résidaient les commerçants, les artisans, les hommes de loi, les administratifs.
C’est aussi le centre d’une région agricole assez riche avec des propriétaires fonciers souhaitant que le Royaume soit géré comme leur domaine.
Ce cahier de doléances est visible au musée.
Le "cayer" de doléances de la ville de
Desaignes a été signé par 67 chefs de
famille. C'est un document de 19 pages
manuscrites qui commence ainsi :
"Les membres de cette communauté
pénétrés deja juste reconnaissance
qu'ils doivent à leur souverain.......se
feront un devoir de porter au pied du
trône ses équitables et respectueuses
réclamations" .
Que font-ils ces Désagnois ? Des politiques (maire, conseillers...), 3 notaires, 2 hommes de loi, 1 géomètre, 2 officiers de santé, des instituteurs et des fonctionnaires, 28 commerçants, 73 artisans (armuriers, boulanger, meuniers, maréchaux, charpentiers, sabotiers, cordonniers, maçons, tailleurs, teinturiers, cardeurs, drapier, faiseurs d’étoffes et de toile, fouleuses, peigneur de laine et de chanvre, et 17 tisserands).
3508 habitants en 1876
La population de la commune est, par contre, parfaitement connue au XVIIIème siècle.
Ainsi, lorsque la 3ème République chargea les communes de scolariser tous les enfants, on dénombra à Désaignes 3508 habitants comprenant 700 enfants d’âge scolaire, dont la moitié n’était pas scolarisée.
On construira à Désaignes-ville 2 écoles pour 350 écoliers, garçons et filles séparés, et 7 écoles de hameaux de 50 écoliers chacune pour les 350 enfants vivants dans la campagne.
On apprendra beaucoup de choses sur cette période en allant voir, au Musée municipal, l’Histoire des écoles.
Désaignes moderne, village de caractère.
Désaignes est un centre rural actif avec une production variée : fruits
(cerises, pommes, noix, châtaignes), produits élaborés (confitures, sirops,
jus, miel), fromages (fromagerie industrielle et producteurs
indépendants), viande (porcs, bovins, caprins, ovins) dont une partie
importante labellisée BIO.
Industrie et artisanat y sont présents : Scierie moderne, usine
produisant tous les produits plastiques, fromagerie, et la plupart des
corps de métiers du bâtiment.
Un pôle touristique prometteur
Désaignes s’ouvre au tourisme : camping, locations, centre équestre, point de départ de randonnées, VTT, divers sports, plan d’eau, animations variées, marchés ruraux, foire, caveau de dégustation des produits du terroir, hôtel, ferme-auberge, restaurants, tables et chambres d’hôtes, etc....
C’est aussi un lieu de culture avec sa saison de concerts de musique classique.
Généralement ce sont 6 concerts de grande qualité qui sont programmés en juillet et août.
Un patrimoine musical important, installé dans le temple (orgue Cavaillé-Col de 1900, orgue pneumatique de 1930, piano Erard de 1900) est à l’origine des concerts dont 2017 sera la 50ème année.
C’est encore un lieu d’expositions diverses dans de vastes salles municipales.
(1) Le vieux Désaignes, par Charles du Besset. 1955. Réédition 2003. En
vente à l’office de tourisme et au Musée municipal de Desaignes.
(2) Commentaires de César, de Tristan de Crissé. 1787. Cité dans (1) p. 16
(3) Désaignes, pages d’histoire, de Paul Bouit. 1990.